Alexandre Jardin : Chaque femme est un roman

Publié par Stéphanie on dimanche, mars 30, 2008 commentaires (15)

Couverture :
"Parfois il me semble que les femmes sont des tremplins vers le fabuleux. Ecrivaines pour la plupart non pratiquantes, elles produisent de la prose intérieure destinée à tromper leur déception et à soigner leurs rêves. Changent-elles de métier, d'amant, d'opinion? C'est d'abord une césure, un rebond de style, un chapitre qui se tourne. Adressent-elles une oeillade à un passant? C'est un best-seller qui débute. Depuis mon plus jeune âge, je sais que chaque femme est un roman. Voici en quelque sorte mes études littéraires, blondes et brunes."

Mon avis :
Quarantenaire écrivain connu entre autre pour sa fantaisie et son prix femina, j'ai rencontré Alexandre Jardin mercredi aux Deux Magots, grâce à une invitation des éditions Grasset à l'occasion de la sortie du nouveau roman de cet auteur Chaque femme est un roman. J'avoue que je n'aurais pas acheté ce livre, le prix des brochés étant ce qu'il est même une LCA enragée ne peut pas tout se payer (et de toutes façons, même si elle le pouvait, elle ne pourrait pas tout lire).

Alexandre Jardin a un style et ce roman ne fait pas défaut, ce style sert en plus une très belle idée : raconter sa vision des femmes qui ont marqué sa vie. Ces femmes peuvent l'avoir croisé un jour ou toute une vie (sa mère est très présente), il peut les avoir aimé ou avoir juste partagé quelques instants avec elles... Toujours ces femmes ont eu en commun qu'elles sont du genre "à ne pas vous laisser tranquille", à jouer avec des limites, expérimenter d'autres méthodes, mettre de la romance, de l'imagination dans une vie.
Comme par exemple :
- cette institutrice qui choisissait de mettre les bons élèves à la porte pour motiver les cancres
- Leïla, comédienne de doublage, qui transforme sa vie en film pour compenser son absence d'image ("Chaque week-end, je me fais un film. Pour rendre mon destin un peu plus scintillant.")
- Cette voisine qui égayait la vie des femmes tristes de son quartier en leur envoyant des bouquets de fleurs agrémentés de lettres d'amour.
Soit la plume de l'écrivain a modifié quelquefois en enjolivant des réalités plus obscures, plus sordides, mais après tout, cela n'est-il pas ce que nous faisons tous? Nous avons tous une magnifique capacité de chérir les beaux souvenirs et d'enfouir (parfois un peu trop profondément) les mauvais.

Une lecture que je recommande pour comprendre l'importance de sortir du carré. C'est pétillant, ludique, quelquefois sérieux, comme devrait l'être la vie..

Martin Hirsch / Gwenn Rosière : La chômarde et le haut commissaire

Publié par Stéphanie on jeudi, mars 27, 2008 commentaires (7)

Couverture :
« Cher Martin Hirsch, c'est avec beaucoup de plaisir que j ai trouvé votre lettre dans ma boîte. J'accepte votre proposition de continuer à échanger, d'autant que l'idée de correspondre avec vous m'amuse beaucoup : de ma France d'en bas, du programme Masse Critique">court-circuiter les échelons hiérarchiques est franchement jubilatoire. Pour commencer, veuillez trouvez ci-joint mon « petit guide du chômard ». » Gwenn Rosière
« Ainsi ont commencé six mois d'échange avec Gwenn Rosière. En sa qualité d'allocataire du RMI résidant dans les Côtes-d'Armor, elle avait été invitée à donner son avis sur le Revenu de solidarité active. La qualité de sa réflexion, son ouverture aux autres, sa pertinence et... son impertinence m'ont frappé. J'ai répondu, nous avons poursuivi une correspondance.
Pourquoi la publier aujourd'hui ? Parce que mieux que de longs discours, elle semblait la manière la plus naturelle de faire comprendre notre démarche. Ceux qui connaissent le RMI, la survie à 440 euros par mois, savent qu'il faut transformer profondément notre système social. Mais tous les autres ? En sont-ils vraiment convaincus ? Ne trouvent-ils pas plus simple de ne rien changer ? Parfois de ne rien voir ? Avec ce livre, je me suis dit que nous pouvions ébranler quelques certitudes. Je compte sur lui pour accélérer la prise de conscience, pour multiplier les déclics, pour que rien n'arrête la volonté de faire. C'est en cela que j'avais besoin du soutien de Gwenn, de ses mots, de son énergie, de sa sincérité, de son expérience. Lisez bien ses lettres et répondez franchement : vous ne pensez pas qu'on doit y arriver ?
Martin Hirsch.

Biographie de l'auteur
Martin Hirsch est haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté.
Gwenn Rosière vit en Bretagne. Elle bénéficie d'un contrat aidé.

Mon avis :
RMIste Gwen Rosière est un jour consultée pour un groupe de travail sur le RSA (revenue de solidarité active), elle ne peut se rendre à ce groupe mais prend tout de même le temps de répondre en joignant à sa lettre un guide du chômeur. La lettre et le guide atterrissent sur le bureau du haut commissaire Martin Hirsch qui prend le temps de lui répondre.
S'ensuivront plusieurs mois de correspondances qui dérouleront les difficultés de mise en place de cette mesure.

Bizarrement, la première chose qui m'a frappée en lisant cette correspondance, c'est le style de Gwen Rosière : un peu moqueur, très impliqué, un brin irrévérencieux et très réaliste. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un lien avec 84, Charing cross road. J'ai retrouvé un l'esprit d'Helen Haff dans ces lettres, même si le sujet, le temps et l'histoire sont totalement différents. En tous cas, Martin Hirsch a eu raison (je suppose que c'est son initiative) de proposer une publication de ces échanges.

Après la forme, le fond. Je dirais que se dévoile un sujet difficile et qui fait peur, parce que sans être larmoyant seulement réaliste, il peut tous un jour nous toucher.
Ce livre est une excellente tribune pour défendre et présenter le projet du RSA. Il est accessible, jamais ennuyeux, jamais technocrate. J'espère qu'il passera entre le maximum de mains.
La correspondance est suivie d'une longue interview de Martin Hirsch (par Jean-Michel Helvig) qui explique plus en détail le crédo du haut commissaire ainsi que son parcours.
Si Jean-Michel Helvig ne peut pas s'empêcher de retourner à ses amours de journaliste politique (comme le note ironiquement Gwenn Rosière dans une lettre qui conclue ce livre), son interview plus longue que ne laisserait aucun magazine passionnante.

Reçu et donc lu dans le cadre de l'opération masse critique de Babelio.
livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

Les auteurs passent à table : Mary Dollinger

Publié par Stéphanie on mardi, mars 25, 2008 commentaires (15)

Mary Dollinger m'ayant envoyé un mail hier suite à mon billet sur son livre, je lui ai immédiatement demandé si elle voulait bien répondre aux questions des "auteurs passent à table", exercice qu'elle a gentiment accepté.

1/ Êtes-vous un bon vivant qui aime la bonne chère et le bon vin ? Aimez-vous cuisiner ?
Dire que l’on aime « la bonne chère » que l’on est « bon vivant et aime le bon vin » n’est pas évident pour moi. La (mauvaise) réputation de la cuisine anglaise n’étant plus à faire j’hésite à m’avancer au risque de paraitre prétentieuse. Mais j’aime faire la cuisine pour famille et amis. Comme cela prend du temps et que je suis foncièrement paresseuse, lorsque je m’y mets, j’y vais carrément et passe la matinée parfois plus. Ensuite je remplis le, ou plutôt les, congélateurs et tape dedans au besoin.( Vous saurez que vous pouvez toujours arriver à l’improviste).
Quant au vin, je l’adore. Mes préférés : Crozes Hermitage,( je fais partie de la Confrérie donc ne suis pas vraiment objective) un Côte Rôti, ou, dans les grandes occasions, un Cheval Blanc (si on me l’offre !). Jamais de vin blanc, insomnies garanties.

2/ Quel est votre madeleine de Proust?
Les tout petits sandwichs à la tomate, au pain de mie anglais, préparés amoureusement par ma mère, et incontournables au menu des pique-niques de mon enfance britannique. Pas vraiment « culinaire », mais ce léger goût acide me projette immanquablement dans les sous-bois fleuris, magiques et mystérieux, que je n’ai plus jamais retrouvés.
Pour la madeleine viticole l’Asti spumanti, ce vin italien qui évoque les douces soirées au bord du Lac Majeur.

3/ Quel est votre dîner idéal ?
D’abord tout au champagne, Cristal Roederer de préférence, (un Volnay pour le fromage.) Ensuite : Apéritif : juste quelques toasts de foie gras pour apprivoiser le champagne.
Entrée : queues de langoustes fraîches, mayonnaise aux herbes, petite salade.
Plat de Résistance : je passe ;
Fromage : un vieux Conté et un Brillat Savarin pas trop affiné ;
Dessert : des fruits rouges ; beaucoup de bougies. le tout dégusté en tête à tête, mais pas forcément avec Trollope. (voir ci-dessous)

4/ Avec qui aimeriez-vous dîner (vivant ou mort) ?
« Au Secours Mrs Dalloway « voudrait que je dîne avec Virginia Woolf, « Journal Désespéré d’un Écrivain Raté » réclame Maupassant, alors pour ne froisser personne j’ai opté pour un tête à tête avec Anthony Trollope. Mal connu en France, ce très grand romancier, voyageur invétéré, fonctionnaire des Postes jusqu’à l’âge de 52 ans, à l’origine des boîtes aux lettres rouge tant aimées des Anglais, est l’auteur de 47 romans. Son chef d’oeuvre : « The Way We Live Now » écrit à âge de 60 ans. Une merveille.

5/ Écrivez-vous le ventre vide ou le ventre plein ? Avec un verre d’eau ou autre à côté ?
Enveloppée dans un silence total, j’écris, ou plutôt j’essaie d’écrire, le ventre vide, une bouteille d’eau et un Larousse de Poche à portée de la main. Cela a l’air lugubre mais en réalité, c’est grisant !

Merci pour ces réponses, je suis totalement sous le charme de quelqu'un citant un Volnay pour le fromage (et oui j'avoue c'est mon pêché mignon!)

Mary Dollinger : Journal désespéré d'un écrivain raté

Publié par Stéphanie on lundi, mars 24, 2008 commentaires (11)

Couverture :
Difficile, la condition d'écrivain classique. De nos jours, ni Balzac, ni Stendhal, ni George Sand ne trouveraient forcément grâce aux yeux des éditeurs. Pas plus que tout autre écrivain contemporain... Vous vous demandez pourquoi ? Mary Dollinger, avec son humour et son (faux) flegme britanniques, s'est penchée sur ce problème. Les auteurs, eux, n'en sont pas encore remis.

Mon avis :
La collection En attendant le bus reprend l'idée de Yasunari Kawabata qui dans le Japon des années 20, s'était fait une spécialité de textes excessivement brefs mais de haute qualité.
Le texte alterne des chapitres montrant ces célèbres écrivains confrontés aux éditeurs d'aujourd'hui avec des chapitres contant les réflexions d'une écrivain sur le tard.
J'ai eu une grande préférence pour Stendhal sommé de tout réécrire "la chartreuse" par une célèbre éditrice. Certains chapitres sont agrémentés du charme de devoir découvrir quel écrivain est passé au grill de l'éditeur :)

Un moment trop court de lecture.
Merci à Bellesahi pour ce livre voyageur qui a déjà reprit sa route :)

Gilles Bachelet : Mon chat le plus bête du monde

Publié par Stéphanie on samedi, mars 22, 2008 commentaires (12)

Couverture :
Un ami m'a offert récemment un ouvrage sur les chats. Je ne suis pas arrivé à déterminer exactement à quelle race appartient le mien.

Mon avis :
Encore jalouse de la dédicace de Gilles Bachelet faite pour mon neveu lors du salon du livre, je n'ai pas résisté à la tentation de le lire avant de l'emballer. A ma décharge, je vais devoir (pour mon plus grand plaisir), lui lire alors autant répéter avant.

A partir d'une idée toute bête (mais quelle est donc cette race de chat?), Gilles Bachelet a su créer une courte mais très rigolote histoire : ce chat se comporte presque comme les autres chats, mais sa taille lui joue quelquefois des tours.
J'attends avec impatience les rires d'Anthony qui vont sans aucun doute fuser devant ces beaux dessins.

Les salons du livre sont des endroits dangereux!

Publié par Stéphanie on jeudi, mars 20, 2008 commentaires (12)

Encore toute tourneboulée par ce salon du livre (d'ailleurs je prends mes photos dans tous les sens), je ne sais pas trop par quoi commencer.
D'un autre côté, d'autres blogueuses parisiennes (Caro[line] et Fashion) ont eu la bonne idée de faire rapidement leur billet et ont donc déjà raconté les principales anecdotes :)
Merci les filles!

Ce fut donc un dimanche placé sous le signe du livre puisqu'avec Caro[line] nous avons enchainé deux salons dans la même journée :
- salon du livre de Chambourcy (essentiellement pour aller dire bonjour aux auteurs de Griffe d'encore, petite maison d'édition spécialisée dans la SF.
- salon du livre de Paris, pour un petit repérage en prévision de la journée de mardi que nous avions toutes les deux réservé pour un no limit (désolée monsieur le banquier).
Pendant le petit repérage, nous avons tout de même eu le temps de croiser plusieurs auteurs dont à notre arrivée Jean-Philippe Blondel. Et c'est là que j'ai perdu toute crédibilité. Imaginez, Caro[line] croise quelqu'un qui lui fait la bise, et là me présente, Stéphanie - Jean-Philippe Blondel, Jean-Philippe - Stéphanie une blogueuse.
Et moi, qu'ai je fais, j'ai poussé un mini cri de surprise, et ouvert la bouche. Jean-Philippe a gentiment voulu me réconforter, ou plutôt il a eu peur, en me répliquant "mais il ne faut pas réagir comme cela!". Oui oui, je sais, mais j'étais surprise c'est tout! :)


Je vais finalement me contenter d'un résumé succinct : j'ai rencontré beaucoup d'auteurs (dont surtout auteurs chouchou n°1 et auteur chouchou n°2, beaucoup parlé avec eux et j'espère pouvoir bientôt vous proposer plusieurs interview les auteurs passent à table.
Si une alerte à la bombe a stoppé mes achats de dimanche, cela n'a pas été le cas mardi et tout cela n'a pas été très raisonnable :) :
- Clémence Boulouque : Nuit ouverte
- Alain Golébiowki : Autopsie d'une premier amour
- François Gravel : Vous êtes ici
- David Foenkinos : Entre les oreilles
- Marie-Célie Agnant : Le livre d'Emma
- Lucien Cerise : Photographie d'un hamburger
- Céline Robinet : Vous avez le droit d'être de mauvaise humeur, mais prévenez les autres!
- Julien Blanc-Gras : Comment devenir un dieu vivant
- Sébastien Fritsch : Le mariage d'Anne Orval
- Kelley Amstrong : Morsure
- Gilles Bachelet : Mon chat le plus bête du monde

Et pour finir je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la dédicace de Gilles Bachelet pour mon neveu :)

Et si on jouait?

Publié par Stéphanie on mercredi, mars 19, 2008 commentaires (4)

Pendant que je me remets du salon du livre de Paris, un billet peut-être ce soir si j'ai retrouvé de l'énergie :), je vous propose d'aller voir ce qu'il se passe sur Book and the city. Nous lançons un petit jeu ici.

D'ailleurs, n'oubliez pas de vous inscrire, la SNCF a déjà mis les billets des vacances en ligne et il reste de la place...

Rendez-vous le 5 juillet à Paris.

Colum McCann : Ailleurs en ce pays

Publié par Stéphanie on lundi, mars 17, 2008 commentaires (19)

Couverture :
Ces trois nouvelles – deux brèves, une plus longe – triptyque savamment agencé, semblent jaillir d'une nuit profonde, asphyxiante, bruissante de souffles et de plaintes muettes : la couleur de la verte Irlande est ici le noir, d'abord. Une Irlande contemporaine, mais pas forcément d'aujourd'hui : sa blessure presque intemporelle, comme en témoigne Une grève de la faim, qui évoque les très sombres "années Thatcher". Colum McCann pratique son art avec une exigence rare : dans cette écriture apurée jusqu'à l'ascèse, les mots sont soigneusement triés, pesés, nettoyés, ciselés et disposés comme pierres précieuses sur la table du diamantaire. Dialogues resserrés, voix couvertes dont seul l'écho nous parvient – arêtes rugueuses aux scintillements de granit, gouttes d'eau tintant au fond du puits de la conscience. Une fille et son père, une mère et son fils – deux fois : il est question d'héritage moral, de transmission et d'amour, de survivance aux limites de l'impossible et de l'indicible. Grand musicien moderne, McCann sait puiser dans la souffrance une vitalité orageuse, indomptable, pour nous adresser son secret, signe d'espoir, petit éclair – dans la nuit

Mon avis :
Afin de fêter dignement la Saint-Patrick, le club des théières a proposé à la blogosphère de se joindre à notre lecture commune de mars avec un roman parlant de l'Irlande ou écrit par un Irlandais. Une petite recherche sous Wikipédia m'a malheureusement permis de constater que la plupart des auteurs cités n'étaient pas encore traduits en français.

Avec Tamara, nous avons donc choisi la facilité, en allant un samedi après-midi, simplement demander conseils à un libraire passionné de littérature anglo-saxonne, Christophe de I love my blender. Si vous passez dans le marais, n'hésitez pas à aller le voir, il saura vous trouver 2 ou 3 perles à lire de toute urgence :)
Donc entre deux préparations psychologiques à une virée en pub, j'ai lu ce recueil de trois nouvelles de Colum McCann.

Trois nouvelles pour parler des heures noires de l'Irlande. Il s'agit d'un genre qui semble très utilisé dans la littérature irlandaise :
- Ailleurs en ce pays : La narratrice est une jeune-fille qui part une nuit d'orage particulièrement violent essaie de sauver avec leur père leur cheval menacé de noyade. Arrive un camion de soldats anglais, dont le père souhaite refuser l'aide. Au fil des pages, on devine peu à peu le drame qui a secoué sa famille.
- Le bois : Un menuisier est devenu paralysé suite à un accident. Sa femme accepte à son insu une commande d'orangistes pour des hampes.
- et surtout : Une grève de la faim : Une mère et son fils s'installent dans une nouvelle ville pour tenter de s'éloigner de la violence des combats entre indépendantistes et anglais. L'oncle du "gamin" est actuellement prisonnier et entame une grève de la faim dont plusieurs prisonniers sont déjà morts.

J'ai beaucoup aimé le style de Colum McCann et je n'hésiterai pas à lire d'autres de ses écrits (en évitant peut-être Zoli qui si j'ai bien compris, n'est pas son meilleur). Colum McCann fait ici démonstration d'un véritable talent pour suggérer plutôt que dire (ou plutôt écrire) la douleur psychologique de ses personnages.
Une grève de la faim est le récit le plus poignant, il montre la souffrance des proches, dans ce qu'on pourrait appeler les dommages collatéraux. J'ai particulièrement été touchée par une scène ou le petit évacue une partie de sa terreur en simulant une bagarre.

Trois nouvelles noires que je vous conseille fortement.

Ont également participé à cette lecture (n'hésitez pas à laisser le lien de votre billet dans les commentaires) :
Karine, Florinette, Papillon, Tamara, Emeraude, La nymphette, Hydromielle, Malice, La liseuse, Clarabel, Chiffonette,

Philippe Delerm : Paris l'instant

Publié par Stéphanie on jeudi, mars 13, 2008 commentaires (14)

Couverture :
"Il y avait quelque chose dans l'air, ce matin-là. Ça ne s'explique pas. Ça vient deux fois par an, peut-être, au début du printemps souvent, et quelquefois à la fin de l'automne. Le ciel d'avril était léger, un peu laiteux, rien d'extraordinaire. Les marronniers ne déployaient qu'avec parcimonie leurs premières feuilles sucrées. Mais elle l'avait senti dès les premiers pas sur le trottoir, avant même d'enfourcher sa bicyclette. Une allégresse. Pas le jaillissement de la joie, pas le battement de cœur toujours un peu anxieux du bonheur."

Mon avis :
J'adore Paris, je trouve que c'est vraiment la plus belle ville du monde et pourtant j'en ai déjà visité quelques unes pendant mes vacances.
J'ai aimé Lisbonne et lire à l'ombre de ses terrasses, j'ai aimé Bordeaux, j'ai aimé Nantes et ses petites ruelles, j'apprécie Londres et son melting-pot, je suis suis restée bouche-bée devant les grattes ciels de New-York et son agitation perpétuelle (cette ville ne dort vraiment jamais); et pourtant... A chaque fois que je reviens à la maison, et par la magie d'un tour en RER je retourne me balader à Paris, je me redis que, vraiment, c'est la plus belle ville :)
Encore il y a peu, rentrant d'une belle soirée théâtre, où j'ai en plus revu deux photographes dont je suis baba du travail, en faisant la liaison à pied entre métro Madeleine et RER Auber, apercevoir un bout du toit de l'opéra a suffit à me faire faire un grand sourire!

Donc ce livre était pour moi...des courts textes de Philippe Delerm illustrés par de belles photographie de sa femme, Martine Delerm. Et pourtant le charme n'a que trop peu agi.
J'ai trouvé dommage que certains textes auraient pu être un peu écrits dans n'importe quelle ville comme celui en extrait sur la couverture, et qui est pourtant mon préféré.
Je n'ai pas retrouvé mon Paris, même si j'ai eu globalement plaisir à découvrir quelques anecdotes de celui de Philippe Delerm.
Je recommande tout de même sa lecture, parce qu'il m'a donné envie de me reperdre dans le marais, de lever encore plus souvent le nez pour regarder les toits de Paris, de m'assoir sur un banc de la place des Loges ou du Luxembourg pour lire, parce que la lecture est plus belle avec une belle vue...

Les auteurs passent à table : Paul-François Husson

Publié par Stéphanie on mardi, mars 11, 2008 commentaires (5)

Après Sollenn Colleter, Paul-François Husson a accepté de passer à table. Paul-François est l'auteur de Crystal, dont j'ai parlé hier. Merci à lui :)

1/ Êtes-vous un bon vivant qui aime la bonne chère et le bon vin ? Aimez vous cuisiner?
Gourmand moi ?... Noooon. Je délaisse un instant la surveillance maniaque de ma ratatouille pour ce petit questionnaire culinaire. Oui j'aime déguster, découvrir, parfois dévorer, surtout partager. Une verrine à la mode avec un verre de champ' ou une tartine de rillettes avec un St Amour. Oui j'aime cuisiner. Gratin Dauphinois, Couscous, Blanquettes.... Faire la tambouille est long moment de solitude, mais il serait indécent de passer à table seul. Seuls les grands coupables passent à table, encore faut-ils qu'ils aient été bien cuisinés. Bref, s'il existe une écriture culinaire je ne l'ai pas encore rencontrée; malgré cela je n'ai pas pu m'empêcher de glisser des bribes de recettes et un copieux repas norvégien au menu de Crystale.

2/ Quelle est votre madeleine de Proust
J'avoue avoir encore au palais le fruité râpeux d'un St Véran tiré d'un vieux fût par un vigneron qui l'était tout autant. Le vieil homme me fit goûter la première lampée de vin de mon existence. J'étais un jeune stagiaire portant la caméra d'un documentaliste dans le Mâconnais. Le gratin dauphinois reste imbattable dans la catégorie "séquence-émotion". De la découpe de patate à la sortie du four, c'était une cérémonie quasi religieuse et une bonne raison de prolonger les journées en famille. Car chacun sait, c'est toujours dans les cuisines que se disent les choses importantes.

3/ Quel est votre diner idéal?
Le prochain, tout comme la prochaine lecture...

4/ Avec qui aimeriez vous diner? Vivant ou mort, connu ou inconnu, avec qui aimeriez vous discuter autour d'une bonne table?
Je taillerais bien une bavette avec Pantagruel.

5/ Ecrivez vous le ventre vide ou le ventre plein? Avec un verre d'eau ou autre à côté?
Une nappe blanche à la clé est parfois un bon moyen de trouver le courage d'aller jusqu'au bout de la page blanche.
Bon appétit !

Paul-François Husson : Crystale

Publié par Stéphanie on lundi, mars 10, 2008 commentaires (7)

Couverture :
Dans la nuit sans fin du grand nord norvégien, l'auteur du massacre des majorettes peut-il être ce personnage incroyable que hantent les mythes scandinaves ? Ce terrifiant voyage au cœur des paysages glacés impose le plus original des auteurs de thrillers français : Paul-François Husson.

Mon avis :
Comme je l'ai déjà écrit, je ne suis absolument pas une spécialiste des polars, donc c'est avec curiosité que je me suis plongée dans la lecture de Crystale. Et je dois avouer que les 40 premières pages ont été laborieuses. J'étais dubitative par le personnage d'Angèle, photographe envoyée malgré elle dans le grand nord norvégien pour suivre une troupe de majorettes. Angèle m'énervait avec sa phobie du froid et je n'avais pas vraiment envie de suivre plus loin ses aventures.
Et puis il y a eu le premier meurtre, et là le plaisir de lire est subitement apparu. (hum, à votre avis, devrais-je m'interroger sur le plaisir de lire qui apparait juste au moment où une majorette est tuée? :p)

Fini les considérations métaphysiques sur les méfaits du froid (d'ailleurs c'est bien le froid!) et bienvenu dans un jeu de massacre.
Je me suis vite attachée au personnage du policier alcoolique mais perspicace, le nommé Bjorn, même si il est un peu caricatural (enfin cette impression est peut-être du au matraquage publicitaire en cours sur le prochain film de Daniel Auteuil).
Mais tout ceci n'est pas très grave, je suppose qu'à force de lire des policiers, je retrouverais souvent des policiers un peu imbibés...

L'intrigue est passionnante et pendant un moment je me suis interrogée sur l'identité de l'assassin au point de soupirer à chaque fois que je devais interrompre ma lecture. A suivre les pas de Bjorn, j'ai fini par comprendre environ 100 pages avant la fin qui il était mais curieusement (ou heureusement) mon plaisir n'a pas faibli puisque un autre suspens a pris place!

Mini swap thé

Publié par Stéphanie on samedi, mars 08, 2008 commentaires (13)

Il n'y rien de plus agréable pour une organisatrice de swap que de simplement participer à un swap et de titiller un peu la gentille organisatrice avec un peu de mauvaise foi patentée :p
Donc tout d'abord, un grand merci à Flo d'avoir supporté mes petits emails de râlage ;) Heureusement qu'elle a le sens de l'humour!

J'attendais dans la bonne humeur mon colis, qui est arrivé mercredi.
En plus d'un colis swap, c'est à jeu de piste que j'ai participé, puisque ma swappée (aussi étourdie que moi) avait simplement oublié de mettre une carte dans son magnifique colis

Une fois déballé, j'ai pris le temps de prendre en photos les paquets, afin de commencer l'ouverture :)
Heureusement pour moi, ma batterie d'appareil était chargée! La curiosité me titillait déjà durant les 5 minutes qu'à duré la photo :)
Et donc le fabuleux colis de ma swappée mystère contenait :
- 1 tasse magnifiquement personnalisée avec le logo du mini swap! la grande classe
donc ma swappée est manuelle
- plusieurs thés avec à chaque fois une étiquette expliquant quand le boire et comment :
white is white
assam
madagascar (un délice avec du chocolat, vanille et amande)
wulong shui xian dans une magnifique petite boite
donc ma swappée a un excellent goût concernant le thé (ou un excellent revendeur) :o)
- 3 mini tablettes de chocolat : 1 noir à 70%, 1 lait aux éclats de café et 1 lait à l'orange (un délice)
- 3 magnifiques marques pages
- Le livre du thé (que j'avais très envie de lire)
- des sucres blancs et roux surmontés de jolis coeurs

Mais comme je vous l'ai dit, pas une seule carte à l'horizon :)
Heureusement, grâce à l'adresse et le nom noté sur le colis, j'ai pu vite retrouver la trace de ma swappée : un grand merci à Maijo donc pour son magnifique colis :)
Et ma carte est arrivée avec un jour de retard...

John O'Hara : La fille sur le coffre à bagages

Publié par Stéphanie on jeudi, mars 06, 2008 commentaires (10)

Couverture :
Au début des années 30, James Malloy est attaché de presse pour une société de production cinématographique qui le charge d'accompagner Charlotte Sears pendant son séjour à New York.

Mon avis :
Il y a des livres qu'il est très difficile de vous "vendre" sauf à écrire le plaisir que sa lecture vous a causé. Pourtant, oui pourtant :
- l'histoire n'est pas révolutionnaire, il s'agit uniquement d'une petite tranche de vie de cet attaché de presse et de la star qu'il accompagne. Rien de surnaturel, même pas un fort potentiel chez l'un des héros :)
- l'écriture est agréable, belle mais sans plus. Je pourrais presque la considérer comme simple, mais de cette simplicité qui a nécessité beaucoup de travail.

Et voilà, le charme est pourtant là. J'ai passé un excellent moment et si John O'Hara est vraiment l'un des plus grands écrivains du XXème siècle aux Etats-Unis, et bien j'avoue être curieuse et limite pressée de découvrir l'un de ses masterpieces comme Rendez-vous à Samara ou Gloria.

Un grand merci à Amanda pour le cadeau et donc la découverte :)

Et la gagnante cactus est .... Véronique

Publié par Stéphanie on mardi, mars 04, 2008 commentaires (8)


Alors que Fashion, notre grande gagnante, a déjà reçu 39 livres, il vous manquait encore le nom de notre gagnante cactus. Qui va avoir la chance de recevoir non pas un mais trois livres grâce à la curiosité de Fashion? :)
Et bien c'est sur le petit papier portant les coordonnées de Véronique que Tamara a eu la bonne idée d'écrire "cactus".
Son blog est ici.

Isabelle Bauthian, Serge Limousi : Effleurés

Publié par Stéphanie on lundi, mars 03, 2008 commentaires (7)

Couverture :
"Je l'avais fait sourire et elle avait réveillé quelque chose en moi. De la taquinerie, de l'imagination. Une fantaisie que je pensais à jamais évanouie. Elle était drôle, spontanée. Elle se moquait du regard des autres. Et elle savait ce qu'elle voulait.
- on va chez toi."

Mon avis :
Un quatrième de couverture pareil pour un roman! Mon coeur de midinette ne pouvait forcément pas résister! Mais ici pour une fois, il s'agissait d'une BD, genre auquel je ne suis pas du tout habituée (sortie de l'intégrale de Tintin de mon frère, de quelques Joe bar team et Astérix, ma culture BD est nulle, d'ailleurs depuis peu j'essaie de me soigner).
J'avoue que si le scénario et les dessins sont bien conçus, il m'a quand même manqué les mots, les images ne réussissant pas à retranscrire toutes les nuances des émotions humaines.
Pourtant, les deux auteurs avaient tout pour me toucher par cette histoire moderne de deux trentenaires que tout sépare et donc terriblement attirés l'un par l'autre.
Une jolie leçon de vie sans plus.

Jean-Philippe Blondel : Accès direct à la plage

Publié par Stéphanie on samedi, mars 01, 2008 commentaires (18)


Couverture :
Ce roman prend racine aux quatre coins des côtes françaises. De Capbreton dans les Landes, en 1972, à Arromanches - Calvados - en 2002, en passant par Hyères et Perros-Guirec. Rien ne relierait ses personnages s'ils n'avaient le goût des locations en bord de mer. Les couples, les familles, les célibataires... Ils éprouvent tous le sentiment d'être à la suite de quelqu'un. Il reste une empreinte qui s'attarde. Ici, il y a eu des envies, et puis des bonheurs étrangers qui ressemblent aux leurs.

Mon avis :
Après Philippe Claudel, je me devais de découvrir Jean-Philippe Blondel, le deuxième auteur qui avait autant ravis les blogueuses parisiennes lors de séances de dédicaces à la rentrée :)
J'ai donc commencé par ce petit recueil, déniché pour 50 centimes chez Boulinier (du temps où je n'avais pas encore compté ma pal et pris la résolution de ne plus acheter de livres tant qu'elle n'aurait pas retrouvé un semblant de raisonnable, ce qui ne l'empêche pas de continuer à augmenter tous les jours, il faudrait pour cela ne plus fréquenter des LCAs :)

Il s'agit en tous cas d'une très jolie découverte. Le recueil est divisé en 4 parties qui représentent chacune 4 époques et 4 lieux de villégiature :
- 1972 : Capbreton
- 1982 : Hyères
- 1992 : Perros-Guirec
- 2002 : Arromanches

Chaque chapitre donne la voix à l'un des personnages. Petit à petit comme un puzzle, on comprend les intéractions entre chaque vacancier. C'est certainement l'un des plus grand charme de ce recueil, proposer un format nouvelles mais qui finit par se lire comme un roman à plusieurs voix. Le charme est complet, puisque certains personnages se retrouvent d'une période à l'autre pour mieux comprendre leurs précédentes pensées.

Un très bon moment, trop court, que j'ai hâte de prolonger par la lecture de l'un des romans de cet auteur.